frédérique dimarco
le tendre espace
Après environ dix ans de pause dans ma pratique artistique du fait d’une opération des yeux, je me
suis plongée dans mes archives photographiques. Ces fouilles, consécutives à de longues années de
maturation, ont été un moment fondateur. J’ai ressenti fortement la nécessité d’investir à nouveau le médium photographique. A partir de mes anciens tirages argentiques et de mes classeurs de négatifs, j’ai cherché le langage, le vocabulaire de mon nouveau chemin. C’est ainsi que j’ai reconstitué un corpus d’images en noir et blanc sur le basculement entre l’imaginaire et l’abstrait. J’ai voulu un ensemble cinétique et rythmé qui amène à l’abandon, à l’égarement. Les repères spatio-temporels sont absents. La narration est déliée, ce qui permet la création d’une atmosphère enveloppante dans laquelle le regardeur peut se plonger.
«Tempus fugit, mais l’art photographique travaille avec la mort pour fabriquer du vivant, un surcroît de
présence.» dit Fabien Ribery dans son blog L’intervalle à propos du livre Le tendre espace édité chez Arnaud Bizalion en 2019.
"Le sentez-vous... le tendre espace... on le pensait furtif, enfoui, endormi,
mais il est là entre les images, il est en nous, moelleux, suggéré à chaque intervalle,
comme une neige fraîche, même pas une mémoire,
avant une sensation, plutôt une humeur,
un nuage effiloché,
une haleine à la menthe.
Qu'importent les motifs, le noir sur blanc, ou le blanc sur noir, quelle importance,
c'est juste un élan, une glissade au coeur des crépuscules,
un chemin ouvert dans la chair pâle d'une poésie apaisante."
Michaël Serfaty
"Can you feel it... the delicate space... we believed it stealthy, hidden, sleepy,
But there it is, between the pictures, within ourselves, soft, hinted at with each interval,
like new snow, not even a memory,
pre-dating feeling, more like a mood,
a frayed cloud,
a minted breath.
Whatever the patterns, black on white , or white on black, does it matter?
It is but an impulse, a gliding into the heart of twilights,
A path opening in the pale flesh of a soothing poetry."
Michaël Serfaty